19 Novembre 2022
Mais qui vais-je donc rencontrer aujourd'hui ? Je m'installe confortablement dans un fauteuil, bien emmitouflée dans mon plaid. Le vent et la pluie ont rafraîchi l'atmosphère, mais il n'est pas encore temps d'allumer le chauffage.... il faut faire des économies d'énergie : je baisse, j'éteins, je décale ! mais il faut acheter des voitures électriques.... Bref, comprenne qui pourra ! Un chocolat fumant à côté de moi accompagné de quelques petits gâteaux (je sais, je ne devrais pas) me délasse et un bien-être me transporte Dieu sait où !
Mais où suis-je donc ? Qui est avec moi ? En quelle année sommes nous ? Je suis dans un appartement sombre, dans une rue étroite et qui monte. Je suis essoufflée, mais je ne suis pas seule, mon cousin Jean-Marc est avec moi. On doit être dans les années 1960/1965. Ça y est, je me souviens nous venons présenter nos voeux à Tatan Zite et Tonton Jo. J'entends du bruit dans la cuisine. Zite revient avec un plateau où fument quatre tasses. Le liquide chaud va nous réchauffer car dehors en cette période de Noel , la neige s'est invitée à la fête. En plus elle a mis quelques papillotes au chocolat... ont-elles des pétards ?
- Dis moi, Tatan, si tu nous racontais ta vie ? (Jean-Marc me donne un coup de coude et roule des yeux horrifiés). Enfin, Kitou, me dit-il, ça ne se fait pas de demander ça !
Mais Tatan est au contraire toute contente de nous parler de sa vie d'autrefois. Faut dire que le Tonton, n'est pas un bavard... enfin, c'est mon impression, gentil mais bourru ! Et Tatan se lance :
-On va commencer par le commencement : Je suis née au siècle dernier en 1891 à Givors et je suis la petite dernière de la famille. Avant moi, J'ai un grand-frère, né en 1886,une sœur Pauline née en 1888 et puis un autre frère qui n'a vécu que 11 mois. Mon père a dû faire tous les métiers : charcutier, manœuvre, ouvrier en bâtiment, briquetier, potier... Ma mère Gladys, la sœur de votre arrière grand-mère, n'était pas commode et il valait mieux filer droit. Nous allions souvent à Rive de Gier voir le reste de la famille, les sœurs de ma mère et les grands-parents qui tenaient le "bar ripagerien". Mon frère s'est marié en 1910, Pauline en 1912 et moi, personne ne demandait ma main. j'étais modiste et j'adorais mon métier. Mon frère a eu deux fils Jean et Fleury , mais pas Pauline. Pierre-Marie, votre grand-père a eu un fils, Jean. pour les différencier on a surnommé le fils de mon frère Jeanginnot et le fils de votre grand-père, Jeannot. Comme je n'était pas mariée , je m'occupais de mes neveux qui me le rendaient bien. C'est Jeannot qui a trouvé mon surnom de Zite car il trouvait que Victorine était trop long à prononcer ! Et puis quand même, à près de 36 ans, j'ai rencontrer mon Jo. Coiffeur de son état , de 9 ans plus jeune que moi , il venait de Saint Jean de Bournay en Isère. On s'est tout de suite plus. On s'est mariés en 1928, mais j'étais déjà trop vielle pour avoir des enfants. Alors on a continué à gâter les enfants de Jeanginnot, de Jeannot et puis de sa sœur Janine. On peut dire que j'en ai fait des tours avec tes cousins pour leur faire visiter la belle ville de Lyon que je chérissais tant. Evidemment, j'ai oublié de vous dire qu'avec Jo, on s'était installé à Lyon. Quelle belle ville! mais avec la guerre c'était moins agréable et on a dû fuir en catastrophe à Saint Étienne avec juste une pauvre valise... Et nous y sommes restés.
Voilà, mes petits, une vie bien ordinaire en somme.
- Merci Tatan de nous avoir raconté tout ça et merci pour le café et les papillotes que nous avons engloutis. On reviendra et tu nous raconteras encore un peu . Au revoir.
Dommage , il n'y avait pas de pétards dans les papillotes !